
LES ENJEUX DES JEUX OLYMPIQUES : L'EXEMPLE DE LONDRES
L ‘impact touristique

Le Premier ministre, David Cameron, avait estimé l'impact économique des JO de Londres à plus de 16,6 milliards d'euros pour la Grande-Bretagne, dont 2,3 milliards grâce à l'augmentation du tourisme. Malheureusement, ces objectifs n’ont pas été atteints.
I - Baisse globale de la fréquentation touristique

Certes, les J.O. ont augmenté le nombre de touristes à Londres mais cette augmentation fut au détriment du reste du Royaume-Uni. Les professionnels évaluent à 300.000 le nombre de visiteurs internationaux lors de ces JO mais une baisse du tourisme de 30% fut parallèlement enregistrée. Pour l’essentiel, ce sont des spectateurs britanniques qui ont composé le public dans les stades.
Spectateurs de la cérémonie d'ouverture des Jo de Londres
"Nous savions que les Jeux auraient un impact négatif sur le nombre de visiteurs internationaux à Londres, mais l’impact sur le reste du Royaume-Uni, combiné avec des visiteurs locaux qui ne sont pas venus, est très décevant", note Rita Beckwith, directrice générale de "City Cruises", une compagnie organisant des promenades en bateau sur la Tamise.

Cette baisse de fréquentation est confirmée par une enquête menée auprès de deux-cent cinquante tours-opérateurs, hôteliers et sites touristiques. 88% des entreprises contactées ont fait état d’une baisse de leur chiffre d’affaires par rapport à la même période l’an passé.
II - Diminution des dépenses engagées par les touristes
En effet, dans cette période de crise économique, le coût de participation à une telle manifestation est élevé pour la population. "Les gens venus aux Jeux n’ont pas fait beaucoup de tourisme, de shopping ou de sorties au restaurant", a déploré Miles Quest, porte-parole de la "British Hospitality Association" (BHA). Selon lui, le taux d’occupation des hôtels londoniens était de 80% soit un taux normal pour un mois d’août. Certains commerçants se sont par ailleurs plaints que les touristes venus aux JO de Londres n’aient pas dépensé autant d’argent que les touristes "classiques" des années précédentes.

Les professionnels du tourisme déplorent : "Les hôtels ont baissé leurs prix et de nombreux magasins, restaurants, théâtres et lieux de divertissement ont constaté une baisse significative de leur activité", se désole Mary Rance, directrice générale de l'association de professionnels du tourisme "UKinbound".

Même les sites touristiques londoniens furent eux aussi touchés par une baisse de la fréquentation. En effet, le British Museum a perdu un visiteur sur quatre, le National Gallery deux sur cinq, et le zoo de Londres comptabilise 40% de visiteurs en moins. Pire, les restaurants qui avaient gonflé leurs stocks à l’approche de la cérémonie d’ouverture, se sont retrouvés dans l’obligation de jeter une partie de leurs achats.
Intérieur du British Museum
III - Politique sécuritaire
Pour Tom Jenkis, directeur général de l’association des voyagistes européens, la Grande-Bretagne ne peut s’en prendre qu’à elle-même quant à la baisse du tourisme dans la ville. La politique sécuritaire, menée par les forces de l'Ordre britannique et le Maire de Londres Boris Johnson, suggère aux citoyens de s'éloigner de la ville entre le 27 juillet et le 12 août ce que les Londoniens ont écouté avec attention : "Cette fois-ci, on a implicitement demandé à ces gens de se tenir à l'écart et c'est ce qu'ils ont fait", explique-t-il.

Londres, ville fantôme pendant les JO
"Je ne sais pas où sont les touristes ni comment ils se déplacent mais Londres ressemble à une ville fantôme", s'est désolé Steve McNamara, secrétaire général du syndicat de chauffeurs de taxis LTDA.

De même, nombre de visiteurs semblent avoir repoussé un voyage vers Londres après le 12 août : la compagnie aérienne Easyjet a ainsi relevé une baisse des réservations pendant les JO mais une reprise ensuite correspondant à la fin des épreuves.
IV – Les deux vainqueurs des JO de Londres : Visa et Eurostar
Dans le mécontentement explicite des professionnels du tourisme à la tenue des JO à Londres, seule la carte de crédit Visa « tire son épingle du jeu ». En effet, c’est la seule carte de crédit autorisée sur les sites olympiques ! Les visiteurs étrangers ont dépensé plus de 572 millions d’euros au cours de la première semaine des Jeux, en hausse de 8% par rapport à la même période en 2011. Par ailleurs, environ 16 millions d’euros ont été dépensés par carte Visa dans les restaurants londoniens la deuxième semaine de la compétition, soit près de 20% de plus que l’an passé.


De même, les trains transmanche Eurostar se réjouissent d'une augmentation de 15% des ventes sur la période, avec l'ajout de 40 trains supplémentaires.